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Être psychologue en service intrahospitalier
de psychiatrie adulte
Cet article a pour but de vous parler du travail de psychologue dans un service de psychiatrie adulte intra hospitalier, ou autrement dit en service d'hospitalisations complètes. Ce n'est en aucun cas une description exhaustive du travail du psychologue dans ce type de structure mais simplement mon vécu pour vous donner une idée de ce que cela PEUT être.
Les modes d'hospitalisations
L’arrivée d’un patient en service de psychiatrie est précédée d’un passage aux urgences de l’hôpital. Il est alors reçu par un psychiatre qui va l’orienter vers une hospitalisation ou un retour à domicile. Il existe deux modes d’hospitalisations différents, avec consentement ou sans consentement. Dans le premier cas, on parle d’Hospitalisation Libre (HL), le patient est demandeur de soins et accepte l’hospitalisation. En cas d’hospitalisation sans consentement, deux situations sont possibles :
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Les Soins Psychiatriques à la Demande d’un Représentant de l’Etat (SPDRE) sont demandés par le préfet suite à des troubles de l’ordre public ;
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Les Soins Psychiatrique à la Demande d’un Tiers (SPDT) peuvent être à l’origine d’un membre de la famille, le tuteur ou curateur, un médecin extérieur à l’établissement d’accueil, etc.
Lors de SPDRE ou SPDT, des certificats médicaux confirmant la nécessité et la nature des soins doivent être établis dans les 24H et les 72H suivant l’hospitalisation. Au-delà de 12 jours, le juge des libertés et de la détention reçoit le patient pour maintenir ou interrompre l’hospitalisation.
La prise en charge des patients
Les hospitalisations complètes sont réalisées lorsque les patients sont dit « en phase aiguë » et qu'ils nécessitent des soins en continue. Cela signifie également qu'il n'est pas toujours possible de les recevoir d'emblée en entretien psychologique, une période de récupération/stabilisation pouvant être nécessaire.
L’accompagnement du patient dépend de la problématique de celui-ci. Ainsi, le psychologue en intra-hospitalier est amené à réaliser :
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Des entretiens de soutien : par exemple lorsque l’hospitalisation fait suite à un choc émotionnel important (deuil, changement de vie, …)
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Des entretiens psychothérapiques : lorsqu’un travail d’élaboration est nécessaire pour faire face aux difficultés du patient (identifier/prendre conscience du fonctionnement psychique, trouver des stratégies, assouplir les représentations, …)
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Des groupes thérapeutiques : groupe de parole/d’échange, la médiation (art, musique, écriture, …)
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Des entretiens familiaux : l’entourage à souvent un rôle important dans la prise en charge du patient, c’est pourquoi l’équipe est amenée à les rencontrer pour recontextualiser les difficultés du patient et apporter des éléments nouveaux, des regards différents. Ces entretiens ont généralement lieu en présence du médecin et de l’infirmière référents, le psychologue peut également y participer.
Ces différents types d’entretiens peuvent être choisis pour un même patient, selon où il se trouve dans son parcours de soins et selon sa disponibilité psychique. Il est donc primordial d’être à l’écoute du patient.
Les réunions institutionnelles
Elles ont généralement lieu toutes les semaines et concernent les professionnels du service toutes fonctions confondus (psychiatres, psychologues, infirmières, chef de service, cadre de santé, assistante sociale, et autres selon le budget de l'hôpital ^^).
Ces réunions ont pour objectifs de cibler quelques patients pour parler de leur problématique, de leur projet et réfléchir à la manière de les aider. En effet, l'élaboration du projet de soin du patient passe par la communication entre les membres de l'équipe, chacun ayant un regard particulier sur le patient suivant sa fonction. Ainsi le psychiatre, détenteur du choix des consignes (promenade, permission, appel, visite, etc) et responsable du traitement médicamenteux n'obtient pas toujours les mêmes informations, discours, réactions que le psychologue dépourvu de ce « pouvoir d'agir ». De même l'équipe infirmière, de par la proximité et le temps passé avec les patients, observent des éléments indispensables à la compréhension de leur fonctionnement.
Les réunions institutionnelles permettent de rassembler toutes les données détenues par chaque professionnel, pour les analyser, les confronter et améliorer la compréhension du patient.
Les transmissions
Dans les services d’hospitalisations complètes, la présence infirmière est permanente. Pour permettre la continuité des soins des patients, un temps de « transmissions » est mis en place entre chaque changement d’équipe. C’est pendant ce temps que sont échangées les informations sur les patients : comportements, traitements, surveillance, et tout autre élément important.
La place auprès de l’équipe
malheureusement ce n’est pas qu’un mythe, se faire une place en tant que psychologue dans les équipes médicales et paramédicales est un véritable challenge. Entre les « vous travaillez seul », « vous ne nous racontez pas ce qu’il se passe lors de vos entretiens » et « les psychologues et vos théories », pas facile de s’intégrer ^^’
Mais difficile ne veut pas dire impossible, l’enjeu est de trouver un juste milieu pour transmettre des informations utiles à la prise en charge des patients, tout en respectant la confidentialité du contenu des entretiens. La notion de confidentialité en milieu hospitalier est toutefois assouplie par celle du « secret partagé » (je vous invite à vous renseigner à ce sujet). Cela ne signifie en aucun cas retranscrire l’intégralité des propos du patient mais cela permet une certaine « liberté de dire » aux autres membres de l’équipe ce qui peut leur être utile. Cela permet également de vous positionner au sein de l’équipe et d’amener ainsi vos collègues à faire appel à vous. Et oui, pas de secret, la communication reste l’outil indispensable à une bonne collaboration.
Pour conclure, être psychologue en service intra hospitalier c’est avant tout un travail d’adaptation et de patience.